Remèdes à tous les maux

« Véritablement la médecine d’alors fait honte lorsqu’on en relit les textes écrits : la logorrhée et l’autosatisfaction en étaient les caractéristiques principales alors que, on le devine, les malades mouraient, souffraient et s’angoissaient sans autre secours qu’un verbiage ronflant et des traitements épuisants. » Ces propos sévères, relevés dans l’ouvrage Mirages de la médecine du professeur Escande, sont hélas très justes.

Il faut dire que dans le domaine des sciences, la médecine ne brille pas au temps du Roi Soleil. La physiologie n’a pas progressé depuis Galien ; au contraire, elle se perd dans un verbiage pseudo métaphysique et théologique. L’homme est un microcosme calqué sur le macrocosme ou monde sublunaire. Il a en lui quatre matières – terre, eau, feu et air – avec leurs quatre qualités premières – sec, froid, chaud et humide. Il possède également quatre humeurs : la bile, l’atrabile, le sang et la pituite. Il a quatre organes principaux – le foie, le cerveau, la rate et le cœur –, ainsi que quatre tempéraments : sanguin, flegmatique, biliaire et atrabilaire. L’harmonie parfaite de ces divers éléments constitue la bonne santé. Les physiologistes expliquent la vie et le mouvement par l’âme et les esprits, dont ils distinguent trois espèces : naturels et vaporeux, aériens et vitaux, animaux et éthérés. Le diagnostic du médecin se fonde sur quatre observations : le pouls, les urines, les selles et le sang.

Une conception abstraite de la pathologie alliée à une observation peu scientifique aboutissent à des sanctions thérapeutiques toujours identiques : « Clysterium donare, postea seignare, ensuita purgare ».

Légende de la gravure :

« Avez-vous la fièvre quartaine

Des corps aux pieds ou la migraine

Mal à l’esprit ou mal au corps

Mal au-dedans mal au dehors

Purgé saigné prenez force clisteres

Vous creverez ou bien vous sortirez d’affaires »

Nicolas Arnoult, Le Caquet des femmes, 1682-1722