Le Malade imaginaire

Le Malade imaginaire ; © FDD
Le Malade imaginaire
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L’apothicaire du Malade imaginaire semble d’une cupidité sans limite. Au travers de ces railleries burlesques, Molière illustre la fâcheuse réputation de l’homme de l’art qui fait le plus merveilleux des commerces en vendant des médicaments. Il dénonce les comptes d’apothicaire, opération embrouillée plus ou moins douteuse : « vingt sol en langage d’apothicaire, c’est-à-dire dix sols ». Est-ce pour accentuer la portée des reproches qu’il fait à Fleurant qu’Argan exagère l’importance du rabais accordé ?

Fleurant, l’apothicaire de Purgon, est un fantoche, entièrement soumis à l’autorité des bonnets pointus. Drapé dans sa dignité outragée dès lors qu’on lui résiste, il est prompt à gonfler les notes de ses clients. Dans la scène 1 de l’acte I, Argan est seul dans sa chambre. Assis devant une table, il examine le mémoire de Fleurant et il rogne les comptes de son apothicaire :

« "Plus, du vingt-quatrième, un petit clystère insinuatif, préparatif et rémollient, pour amollir, humecter et rafraîchir les entrailles de monsieur." Ce qui me plaît de monsieur Fleurant, mon apothicaire, c'est que ses parties sont toujours fort civiles. "Les entrailles de monsieur, trente sols." Oui ; mais, monsieur Fleurant, ce n’est pas tout que d’être civil ; il faut être aussi raisonnable, et ne pas écorcher les malades. Trente sols un lavement ! Je suis votre serviteur, je vous l’ai déjà dit ; vous ne me les avez mis dans les autres parties qu’à vingt sols ; et vingt sols en langage d’apothicaire, c’est-à-dire dix sols ; les voilà, dix sols. "Plus, dudit jour, un bon clystère détersif, composé avec catholicon double, rhubarbe, miel rosat, et autres, suivant l’ordonnance, pour balayer, laver et nettoyer le bas-ventre de monsieur, trente sols." Avec votre permission, dix sols. […] "Plus, une potion cordiale et préservative, composée avec douze grains de bézoar, sirop de limon et grenades, et autres, suivant l’ordonnance, cinq livres." Ah ! monsieur Fleurant, tout doux, s’il vous plaît ; si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade : contentez-vous de quatre francs, vingt et quarante sols. Trois et deux font cinq et cinq font dix, et dix font vingt. Soixante et trois livres quatre sols six deniers. »