L'Ancien Régime

Pharmacopée lilloise, 1694 ; © FDD
Pharmacopée lilloise, 1694
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François Dorvault ; © FDD
François Dorvault
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La Pharmacopée est l’ouvrage de référence des pharmaciens, qui doivent se conformer aux indications qu’elle renferme, pour la préparation des médicaments. Recueil de formules pharmaceutique, elle décrit les remèdes à employer et la façon de les préparer.

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles apparaissent plus de cinquante nouvelles pharmacopées régionales. Les pharmacopées antérieures sont l’objet de nouvelles éditions et représentent plus de deux cents publications. L’Italie possède les plus anciennes pharmacopées dont 4 éditions antérieures au XVIIe siècle. Les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne et la Suisse ainsi que les villes européennes de Vienne, Londres, Copenhague, Stockholm, Edimbourg, Lisbonne et Dublin possèdent également leurs pharmacopées ou leurs codex. Les apothicaires français utilisent aussi des codex et ce depuis la création de leur corporation au Moyen Âge. 18 villes du royaume ont leur pharmacopée dont la première a été publiée à Montpellier en 1579.

L’origine du mot pharmacopée apparaît au XVIe siècle. À cette époque, l’évolution pharmaceutique européenne est soumise à cinq révolutions qui annoncent l’entrée dans la civilisation moderne. Il y a d’une part la révolution technique et médiatique de l’imprimerie, d’autre part la révolution scientifique dans le domaine de la botanique et de la chimie, la révolution sociale et sanitaire du début de la médicalisation des campagnes et la révolution juridique de l’organisation officielle des corporations d’apothicaires.

Codex, formulaires et livre recettes désignent les ouvrages utilisés par les apothicaires pour l’exercice de leur art. L’essentiel de cet art réside dans la conception et la réalisation des médicaments. Pour ce faire, l’apothicaire doit utiliser un matériel approprié : mortiers et pilons, presses, appareils à distiller, filtres, cribles et tamis, spatules, piluliers, balances et poids… Toute substance thérapeutique doit d’abord être mise sous une forme permettant son administration par la voie choisie, pour devenir un médicament prêt à l’emploi, divisé en unités soigneusement dosées et facile à absorber. Onguents et pommades, cataplasmes, gargarismes, emplâtres, collyres sont utilisés depuis l’Antiquité. La forme solide par excellence est constituée pendant des siècles par les pilules. Les Arabes ont tiré parti des découvertes de l’alcool et du sucre de canne pour créer des formes nouvelles : les élixirs et les sirops. L’engouement pour les médicaments composés est ancien et la plupart des remèdes aux XVIIe et XVIIIe siècles ont des formules compliquées, comme la célèbre Thériaque d’Andromaque. C’est un remède universel, qui peut tout guérir, et qui de ce fait reçut un accueil enthousiaste pendant 18 siècles. Sa préparation figurait encore en 1908 dans l'édition de l’Officine ou répertoire général de la pharmacie de Dorvault.

Les seules matières premières de l’époque pour la préparation des médicaments sont extraites du règne végétal, animal et minéral. C’est certainement pour cette raison que la Communauté des Apothicaires, lorsqu’elle fut séparée de celle des Épiciers en 1777, fut placée sous le symbole des trois règnes de la nature qui représentent les attributs de la pharmacie. Le blason représente un palmier (le règne végétal) autour duquel s’enroule un serpent (le règne animal) s’élevant du sol d’où sortent des pierres (règne minéral).